dimanche 19 juin 2011

La vie au nord du 49e parallèle: le transport

Déjà un mois et quelques jours que je suis arrivée... La première question, c'est souvent « Pis, comment tu trouves-ça, Baie-Comeau »? Ma réponse sera invariablement « C'est bien, j'habite près du centre-ville du secteur ouest, je peux aller au travail à vélo, je suis sur le bord du fleuve en trente minutes de marche, le plein air est accessible ». Tout ça est vrai. J'ai réussi à importer mon mode de vie basé sur le transport actif et le végétarisme.

Cependant, la ville, qui a été construite pendant la domination de l'automobile, est assez obésogène. La faible densité donne l'impression que tout est loin, qu'il faut absolument sauter dans son auto pour faire des courses. Moi qui possède une automobile depuis peu, je me rends compte que même si je vais au travail à vélo presque tous les jours (je triche en covoiturant une fois par semaine avec mes collègues qui habitent sur la même rue), lorsque je sors et que je ne peux pas me rendre à ma destination en moins de quinze minutes de marche, c'est l'auto qui est devenue le premier réflexe. Par contre, quand je vois le niveau de mon réservoir baisser à vue d’œil, je réalise tout-à-fait que conduire en ville consomme plus qu'à 90 km/h (pas d'autoroute ici). J'essaie de pallier mes émissions de GES en invitant les gens qui se rendent au même endroit à covoiturer.

Pour ce qui est du végétarisme, c'est une autre paire de manche. À l'extérieur de Montréal, partout au Québec, ç'a toujours été un défi pour les autres d'accepter mes préférences alimentaires. J'ai eu le front de faire cuire du tofu mariné sur le barbecue d'un ami lors d'un party, car je m'assume. Bien sûr, comme je n'ai jamais pu arrêter de manger du poisson (devenir végétarienne quand la mode des sushis commence, c'est pas winner), j'en profite bien ici, et je continue d'en manger au moins une fois par semaine. J'ai aussi fait preuve d'adaptation; sentant un instinct animal surgir en moi grâce à un pâté de cerf réchauffé au travail l'autre jour, j'ai mangé de la viande pour la première fois en près de sept ans. À mon grand étonnement, j'ai aimé la texture et le goût (alors que de croquer dans un sandwich au poulet par mégarde me dégoûte) et je n'ai pas été malade. Depuis que j'avais lu l'article du Voir décrivant le restaurant La Traite de l'hôtel-musée de Wendake, je m'étais dit que si on m'offrait de la viande qu'on avait chassé, je ne refuserais pas.

C'est aussi difficile de bien s'alimenter, car ici, point d'agriculture; à cause de l'éloignement, les aliments coûtent beaucoup plus cher, et la fraîcheur n'est pas toujours au rendez-vous. Par exemple, un poivron vert sera plus pâle, les oignons pourrissent plus vite, les fraises ont fait 700 km pour venir dans mon assiette. Je compte bien m'inscrire à la Coopérative Gaïa (agriculture soutenue par la communauté) pour éviter les distances. Par contre, les poissonneries foisonnent et l'offre suit les marées, le vent.

Toujours sur le thème du transport, les gens n'ont pas la même perception des distances. J'assistais à l'assemblée générale annuelle du Forum jeunesse Côte-Nord, et c'est la que j'ai réalisé que la région administrative s'étend de Tadoussac à Blanc-Sablon, de Baie-Trinité à Schefferville. Faire un petit cinq heure trente (Québec) ou huit heures (Montréal) de route n'a rien là pour bien des gens. Pour l'instant, lorsque je fais de la grand-route, j'ai l'impression de me retrouver dans cet épisode de X-Files où Mulder est pris en otage par un gars qui doit absolument conduire vers l'ouest, sinon il meure. Bref, ça m'use, même si je fais des rencontres fabuleuses grâce à Amigo Express et que j'ai le temps de revisiter ma collection de CD.

Personnellement, travailler à temps plein et à temps partiel sur mon essai est tout un défi. J'ai une impression de déjà vu; il y a trois ans, à Montréal, ça m'a pris tout mon petit change pour rédiger un travail de fin de session durant l'été. J'ai alors essayé de me motiver en faisant du recyclage pendant les événements spéciaux (Grand Prix, Juste pour Rire, Vélirium), en travaillant durant l'élection fédérale partielle. Heureusement, maintenant, la motivation est au rendez-vous, mais je me suis quand même portée volontaire pour la finale de la coupe du monde UCI de paracyclisme. À voir!

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