samedi 18 février 2012

Cap vers l'Est!

Une histoire de transport, d'argent, d 'urbanisme et de bouffe. Un séjour dans la tête de l'auteure.

Aujourd'hui, je prévoyais aller à la course de canots à glace à l'ile Saint-Quentin vers midi. J'ai donc mis un pique-nique dans ma bourse et suis partie en direction du Super C du Boulevard Saint-Maurice, pour y prendre la navette. C'était la première fois que je montais dans un autobus de la Société de transport de Trois-Rivières (STTR) depuis que je suis installée dans cette ville, à la mi-décembre. Je me disais que c'est vraiment une bonne pub pour la STTR de s'afficher avec un événement en réduisant la circulation.

Arrivée à destination, je descends de l'autobus et marche vers l'île, en talonnant un couple qui se retourne en alternance pour juger de mon caractère inoffensif. Je me rends compte que j'ai oublié mon gant brun dans l'autobus. Je vois des sortes de guérites, et je me dis que c'est sans doute payant. Fidèle à mon habitude, je n'ai pas d'argent sur moi. Je demande alors s'il y a Interac. Non? Je rebrousse chemin. Un monsieur qui était venu dans le même autobus, mais marchait plus lentement, me croise et me demande si je m'en vais déjà. Je réponds que je ne savais pas que c'était payant (la publicité n'en disait rien, d'ailleurs; j'imagine qu'il faut être de la place pour savoir qu'on ne peut pas mettre un pied sur l'île à moins de payer...). Je suis déçue, les larmes me montent aux yeux (ç'aurait été le premier événement public auquel j'aurais participé à 3R), mais j'enclenche le plan B; aller faire un tour chez Panier santé, à Cap-de-la-Madeleine.

Je retourne vers le terminus d'autobus, où le chauffeur s'en allant au Cap me laisse gentiment monter, malgré qu'il ne dessert pas cette direction-là avant 16h. Je lui explique que j'ai perdu mon gant et que je vais aller voir dans l'autre autobus qui arrive du Super C si il y est. Ce n'est pas le cas, je remonte et il vérifie avec son autre collègue, sans succès. Il accepte de me laisser descendre sur Notre-Dame Est et m'indique le prochain autobus à prendre. Excellent service à la clientèle. J'appellerai à la STTR lundi, des fois qu'ils auraient retrouvé mon gant (j'y tiens).

Je fais fi des instructions du chauffeur d'autobus et je me mets à marcher vers ma destination (j'ai calculé 47 min de marche de chez moi à Panier santé). J'observe maintenant l'île de la Potherie/Caron de l'autre côté, et je me dis qu'il me semble risqué pour une entreprise (Kruger Wagayamack) de s'établir sur une île... C'est sûr qu'avec la drave, c'était logique de s'établir là où les billots arrivaient, mais s'il y a une inondation, il n'y a que deux ponts qui relient l'île à autre chose, l'un est ferroviaire et la relie à Cap-de-la-Madeleine, et l'autre routier et la relie... à l'île Saint-Christophe! Après vérification, je me rends compte qu'il y a tous ces ouvrages-là sur la "rivière" Saint-Maurice et que les marées régulières sont de 1 à 1,4 mètres (celle de l'équinoxe d'automne montera à 1,7 m). Rien à craindre au niveau de l'eau, mais en cas d'évacuation de l'usine, j'espère que leur plan de mesure d'urgence est bon, car si chaque travailleur prend son char, ça ne sera pas long qu'il y aura des bouchons de circulation!

En marchant, je me dis que Cap-de-la-Madeleine, avec ses maisons en déclin, a l'air plus pauvre encore que l'un des premiers quartiers que j'habite, Sainte-Cécile. Au moins, ce dernier transpire l'absence de plan d'urbanisme, car il est plein de maisons bigarrées (à commencer par mon château) qui rappellent tour à tour le Vieux Québec, le Plateau Mont-Royal et Montréal-Est.

Parlant d'urbanisme, Cap-de-la-Madeleine est drôlement faite. J'arrive à l'intersection rue Notre-Dame Est, rue Saint-Jean-Baptiste, rue Rochefort, Côte Rochefort (sic!) et je me trompe de chemin. Je croise une cour de bateau qui m'intrigue. Heureusement, un petit parc sur ma carte me permet de retrouver, et une dame qui a l'air de trouver mon casque d'aviateur bizarre. Des personnes âgées me demandent des directions pour un salon funéraire, et je leur indique la bonne rue et la bonne direction (à mon plus grand étonnement).

Arrivée à Panier santé, je perds la boule. J'oublie les montants de ma facture d'Écomarché.ca, de IGA, de mes licences, de ma contravention, de ma première facture d'Hydro-Québec, et j'achète plein de trucs japonais (wakame, miso, tempeh, edamame). Je n'avais pas apporté de sac par exprès, mais évidemment, ils vendent un superbe sac réemployable.

Je marche sur Saint-Laurent et je croise une usine d'aluminium désaffectée, Aleris. Puis, j'arrive à une autre intersection bizarre, celle de Fusey/138. Je cherche depuis un bout de temps des toilettes publiques (ce qui n'existe pas en Amérique). Le McDo semble inaccessible à pied, parce que je n'arrive pas à traverser les quatre voies du boulevard Fusey (pas d'insection ni de passage piétonnier). Je m'arrête chez La petite meunière, une boutique d'aliments naturels, et m'interroge: pourquoi y a-t-il une si grande concentration de boutiques d'alimentation naturelle au Cap-de-la-Madeleine, alors que tout a l'air tellement pauvre? Sans doute parce que les loyers sont moins cher, ou parce que je n'ai pas encore vu la vrai banlieue de Trois-Rivières qui se déplace en char pour acheter sa bouffe selon ses préférences, peu importe où elle se trouve. Pour ma part, Panier santé est plus grand, mais plus loin et ferme à 20h30 le jeudi, tandis que La petite meunière est moins grande, plus près et ferme à 21h le jeudi. Dilemme pour la prochaine commande?

 J'entre dans une boulangerie, et les prix sont beaucoup moins élevés que chez Nys (ma soeur pâtissière m'a dit que le pâté de saumon était sans doute aussi cher que ça parce qu'ils utiliseraient du saumon frais plutôt qu'en canne). Cependant, la dame n'accepte pas Interac (deux fois dans une journée!). Je ressors avec la ferme intention de retirer de l'argent à la banque, mais je n'arrive toujours pas à traverser Fusey. Je m'éloigne. Finalement, ma planche de salut, Café glacé au terminus Fusey/Duplessis où je trouve des caissières sympathiques, un carré aux dattes qui répond à mes attentes, de la bonne musique (Mika et Lana del Rey), du mobilier neuf et UNE GRANDE SALLE DE BAIN PROPRE au grand bonheur de ma vessie.

Poursuite du périple en direction du pont Duplessis, que je redoute en tant que piétonne. J'ai bien raison de le redouter; des cyclistes d'hiver empruntent le petit trottoir mal déneigé (comme à peu près tous les trottoirs du centre-ville à l'exception des zones commerciales) à contresens, et il est très désagréable de côtoyer des voitures de si près. Sur l'île Saint-Christophe, je me rends compte que Défense Canada s'y trouve... Une autre qui n'a pas peur de l'eau!

Finalement, je pénètre dans l'antre de la baleine bleue (la forme des lampadaires rappelle cela) que forme la deuxième partie du pont Duplessis, me rendant compte qu'un côté a un garde-fou pour protéger les piétons des autos, mais pas l'autre.

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