dimanche 5 septembre 2010

Vendanges de Magog-Orford à vélo

L'endorphine coule à flot tandis que j'écris ce billet...

Je reviens d'une excursion de cyclo-agro-tourisme comme je les aime (voir billet précédent sur mon voyage Québec-Rivière-du-Loup-Tadoussac-Saguenay). En bonne vivante que je suis, j'ai ajouté les Vendanges de Magog-Orford à la longue liste d'activités prévues pour meubler le « long week-end » de la Fête du travail.

Je suis donc partie de chez moi vers 10h, pensant que les 25 kilomètres séparant Sherbrooke de Magog ne prendraient qu'une heure et quelques à pédaler. J'hésitais entre prendre la 112 pentue et urbanisée et la piste cyclable boisée, mais la paresse et l'évitement de stress ont eu raison de moi et j'ai opté pour cette dernière. J'ai refais pour une Xe fois le tronçon familier menant à North Hatley, l'interrompant à Deauville. J'étais seule sur la route à l'aller. Je me suis ensuite engagée sur l'Axe de la Magog.

Ce trajet est plutôt imprévisible, car il comporte de tout: des accotements asphaltés, des détours inutiles par des petites rues, de bonnes portions de poussière de pierre, du sable, des gros caillous. Une fois passé Deauville, onze kilomètres de pur bonheur m'attendaient sous la forme de chemins de campagne. J'ai cependant eu la désagréable surprise de constater que la 112 avait l'air d'une autoroute à cet endroit. Où le Ministère des Transports veut-il que les cyclistes et autres véhicules lents passent si toutes les routes à trois chiffres deviennent des autoroutes?!? Sur ce tronçon de l'Axe de la Magog, on retrouve quelques rares îlots comportant une table de pique-nique et une poubelle. J'ai aussi croisé une pile énorme de détritus!

Heureusement que j'ai un vélo cyclocross, sinon j'aurais pesté! Ce dernier est classé dans les vélos de route (mais beaucoup plus abordable), le dessous du cadre est plat pour permettre de le porter par dessus les obstacles, mais a aussi l'avantage d'éjecter vers le côté les roches et l'eau, il n'a pas de suspension ni le plus petit pallier de vitesses avant, ses roues ressemblent plutôt à celles d'un vélo de montagne, mais la pression peut y attendre 80 psi.

Étonnamment, en plein milieu de nulle part, l'Axe de la Magog cède le pas à la Montagnarde, indiquant qu'on est passé de Sherbrooke à Magog. Un panneau nous renseigne en disant où on est rendu, mais pas dans quelle direction on va. Des panneaux de protestation décorent deux endroits. Cette piste cyclable comporte deux grosses côtes et quelques faux plats, elle passe près d'un camping et d'un centre jardin.

Arrivé à la fin des pentes, c'est vraiment laid. On côtoie la voie ferrée qu'on devine à peine à cause des phragmites, on enjambe un ponceau lié avec de l'asphalte dont les planches sont croches, on passe sous une autoroute, il y a des usines partout, je m'inquiète de plus en plus d'être au bon endroit. Je croyais que Magog serait champêtre comme le reste des Cantons-de-l'Est, mais non, c'est l'exception industrielle et pauvre. Je suis docilement la Montagnarde. Une fois passé un pont, je ressors ma carte. Je n'arrive pas à me situer. Je finis par réaliser que je vais en direction est sur la 108! Je jure et je retourne dans le sens contraire. La piste cyclable ne passe même pas par l'artère principale, ça fait dur en matière de planification du territoire! Je parviens finalement à me situer, mais je me demande toujours si je vais dans la bonne direction car l'urbanisme ne donne pas l'impression que j'approche d'un centre-ville. Passé un viaduc, je vois des hangars à bateau, et là je sais que je dois approcher. Je croise la 112. Je roule sur la rue principale, la partie la moins laide de la ville, mais étouffante et pleine de pancartes commerciales. Fidèle à mon habitude, je repère tout de même la boulangerie-pâtisserie de Magog. Il y a du trafic, et je nargue les automobilistes en les dépassant. Je croise la rue Merry, et j'y descends. Je suis arrivée à destination! Je cherche les stationnements à vélo, qui se trouvent de l'autre côté du Parc de la Pointe Merry.

Une fois stationnée, je me renseigne au kiosque d'information et la dame essaie de me recruter pour faire du bénévolat. Je blague en disant qu'il faudra me ramener à Sherbrooke. Elle me dit que j'aurais l'entrée gratuite, mais ça ne m'avancerait à rien puisque je voulais déguster et que je projetais faire du ménage dans l'après-midi.

J'entre, j'achète 12 billets pour 15$, je reçois mon verre et je demande où se trouve l'information pour les kiosques. On me dit qu'elle se trouve dans la tente... En rétrospective, j'aurais dû prendre les dépliants dans la tente et prendre le temps de les examiner pour déterminer à quel kiosque je voulais déguster, mais la dame trop incisive m'a fait fuir, et il faisait froid et ventait à l'extérieur de la tente.

Je commence par faire le tour une fois sans m'arrêter. Je sais que je ne goûterai pas à du vin, mais plutôt à du cidre de glace et de l'hydromel pour satisfaire ma dent sucrée. Je m'arrête à un premier kiosque où on me demande 4 coupons. Je suis surprise et déçue de prévoir n'être capable de déguster que trois choses. J'obtempère tout de même, et je goûte un hydromel en digestif, un autre puis un digestif au chocolat. Je n'ai pas retenu le nom ni la provenance car je trouvais le monsieur un peu trop vendeur insistant.

Je m'arrête à un second endroit pour goûter du cidre de Sainte-Cécile de Milton (bravo pour retenir les noms, je ne retiens que les lieux de provenance). Il sent la fraise, est absolument délicieux et je prends mon temps pour le déguster. Je jase avec la deuxième jeune fille au comptoir et je lui demande si les pommes sont déjà mûres. Elle me dit que c'est le cas, mais comme on n'a pas eu de nuits fraîches, elles ne sont pas rouges. De plus, on a peur que le vent les décroche. Je lui souhaite que ça change avant de partir et de rincer mon verre à l'arrosoir. Je prends le dépliant pour les Comptonales en passant.

Mon troisième arrêt me mène à goûter un drôle de poisson avec deux noms (dont un commence par « b ») de Blanc-Sablon que je n'arrive pas à goûter parce que le morceaux est trop petit comparativement à la biscotte. Je pèche complètement lorsque je goûte du foie de morue. Pour une pesco-végétarienne, je ne saurais dire si j'ai aimé ça, mais c'était spécial. En tout cas, c'est plein de fer!

Finalement, je suis attirée à mon dernier arrêt par le beau sourire que me lance la jeune fille au comptoir. Je n'ai plus que deux billet, donc je goûte un cidre tout court de Rougemont. C'est vraiment intéressant de comparer les deux, cidre de glace et cidre tout court. Elle me conseille de boire ça avec des crêpes, c'est ce qu'ils font en Europe. Elle m'a aussi invité aux vendanges, mais sans automobile, je ne pourrais pas faire ça. On devrait organiser une sortie aux vendanges à l'AMEUS!

Un extrait d'opéra italien se met à jouer et l'homme au comptoir auquel j'étais se met soudainement à chanter. Je suis étonnée puis je trouve qu'il est bon. Les gens applaudissent à la fin d'un couplet. Une jeune fille enchaîne sur un ton plus aigü de l'autre côté de l'allée. Une femme au ton plus bas entre dans la danse, puis un jeune homme dont le ton est plus haut que l'homme précédent enchaîne, et finalement les quatre chantent en même temps des lignes différentes. C'était vraiment beau, j'avais l'impression d'être dans une flash mob. Tout le monde a applaudi et crié de joie quand ils ont terminé. Ce que je retiendrai de plus positif sera cette chorale impromptue et le sourire chalheureux de la jeune fille du comptoir du cidre de Rougemont.

En quittant la tente, je cherche quelque chose pour emballer mon verre car j'ai peur qu'il se casse dans mon sac de vélo, mais on me répond qu'il n'y a rien. Je me demande s'il y a autre chose à part les cinq à sept plus tard, mais ce n'est pas le cas. Je ne trouve pas de fontaine pour remplir ma gourde et je quitte le site frustrée.

Ma visite de la tente n'aura pris que 45 minutes, mon aller deux heures et mon retour 1h45... En vélo de Sherbrooke, ça ne vaut pas vraiment la peine. En auto de n'importe où, je me demande si le trafic et le stress de chercher un stationnement en valent la peine. Je crois que je préfère aller sur place chez les producteurs que d'aller dans une foire où ils sont tous réunis « hors contexte ».

Je m'en retourne donc par le même chemin par lequel je suis venue. J'avais l'intention de peut-être emprunter le chemin Merry, de passer à côté du Mont Orford puis St-Élie d'Orford, mais je n'y ai pas pensé en quittant le parc (trop avinée :P). Le retour va beaucoup mieux que l'aller puisque j'ai le vent dans le dos et l'impression de plus descendre que de monter. Je rencontre beaucoup plus de cyclistes qu'à l'aller.

So much pour le ménage! J'ai dîné en retrant, puis je me suis étirée et douchée, et j'ai blogué ceci.

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