jeudi 24 juillet 2008

Agriculture urbaine et locavorisme

Vous excuserez mon absence durant deux longs mois. En mai et en juin, je prenais un cours d'été. En juillet, j'étais à Québec (Festival d'été, vacances piscine-famille en banlieue), à Montréal (travail au Festival Juste pour Rire), au Mont Sainte-Anne (travail au Vélirium, compétition internationale de vélo de montagne), à Lavaltrie (dans un chalet au bord du fleuve)... durant ces trois mois, je complétais un essai très en retard. En août, je serai à Montréal (recherche d'emploi, bénévolat Parti vert du Canada), à Québec (École d'été de l'Institut du Nouveau Monde, puis travail à Expo-Québec), puis à Montréal (recherche d'emploi, bénévolat Parti vert du Canada). Début septembre, je serai à New Glasgow, en Nouvelle-Écosse, puis j'arrêterai de voyager pour un bout de temps.

Ce billet n'a pas pour but de vous tracer un pélerinage, mais est plutôt motivé par l'inspiration que m'a procuré ma visite chez ma grand-mère hier. J'ai déjà abordé la nourriture sous l'angle du végétarisme, mais jamais en parfaite admiration. Nous avons mangé des fèves, des concombres et une superbe tomate de son jardin. Quel plaisir que de cueillir d'abord le haricot, poilu sous les doigts, et qui ne requière qu'on souffle dessus pour le nettoyer! Toucher la tomate d'un rouge sombre, à la peau si différente de tout ce que l'on retrouve sur le marché, puis la couper, et finalement dédaigner le couteau pour mordre à pleine bouche, du jus dégoulinant coulant le long des commissures et sur le menton!

Moi, la fan de ma circulaire IGA, je note le moment auquel «sortent» tous les aliments locaux. J'ai mangé des cajeaux de fraises à 5$, mais au moment où les framboises et les fèves sortent, rien dans mon épicerie! J'ai de ce pas appelé mon gérant fruits et légumes, pour me plaindre de ne trouver que des fruits de l'extérieur du Québec. Apparemment, il n'y en avait pas sur le marché au moment où je me suis présentée (parce qu'on ne cueille pas les fruits quand il pleut). C'est donc visiblement un des désagréments de vivre en ville, de ne pas avoir accès aux fruits et légumes québécois au moment ou votre radio vous dit qu'ils sont sortis dans telle et telle région.

Qui n'aime pas la campagne du MAPAQ intitulée «Mettez le Québec dans votre assiette», que les publicitaires reprennent à leur tour pour mieux vendre leurs produits locaux?

Cependant, après trois années de lavage de cerveau environnemental à McGill, après avoir passé de l'état d'omnivore, au semi-végétarisme (avec poisson), au végétarisme (avec produits laitiers et oeufs), au quasi-véganisme (chez moi seulement), en y ajoutant l'équitable, le biologique et le local, les petites bêtes pullulent. Équitable contredit souvent local, puisque les produits certifiés équitables sont souvent des importations, mais quand c'est fait au Québec, on n'est pas supposé exploiter les gens, non? Et biologique, ben y'en a pas assez de disponible au Québec, puisque le syndicat qui domine en agriculture est l'Union des producteurs agricoles (UPA) et non pas l'Union paysanne. Donc je me rabats sur le local, avec toutes les difficultés que ça entraîne. Peu importe le label, manger en faisant attention coûte toujours plus cher, et ma maigre bourse en souffre.

J'ai donc mangé local et végétalien tout l'hiver, le printemps et l'été avec du végétarisme occasionel, et j'arrive au bout du rouleau; j'ai maintenant une déficience en fer pour la deuxième fois. Comment je le sais? C'est facile: je suis une femme, et une environnementaliste qui applique ses principes (donc je n'utilise pas de produits sanitaires jetables, seulement des serviettes sanitaires lavables et une coupe menstruelle). Mon cycle menstruel est trop léger, et je resterai menstruée jusqu'à ce que je sorte de mon anémie, pour tomber dans une hyperménorrhée, c'est-à-dire une mégamenstruation symptomatique de mon manque de fer. Je suis un peu découragée et je ne sais pas trop quelle valeur couper. La réponse facile serait d'aller m'acheter des pilules de fer à la pharmacie, MAIS VOUS AVEZ UNE IDÉE DU PRIX? Non, vraiment, il me faut soit rajouter une autre valeur dans mon alimentation (teneur en fer des aliments), soit rétrograder vers mon état omnivore. Au moins, mon véganisme non-strict ne me fait pas manquer de B12 (présent seulement dans les animaux ou leurs produits).

S'alimenter est si important (nous restons des animaux après tout) qu'il est étonnant que nous, occidentaux, puissions penser à nourrir nos chars (biocarburants, surtout éthanol de maïs) ou même vivre sans que notre industrie commerciale ne soit dominée par l'agriculture, alors que les pays qui en subsistent sont en crise (alimentaire). Parfois, je me dis que l'autarcie ou l'autosuffisance est envisageable seulement en vivant dans un écovillage. Maudit que je suis hippie.

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